Marchand, Charest, Lavignolle, Chenard
Au cours de la huitième rencontre, le praticien anime une discussion sur "l'impensable":
les conséquences indésirables après la disparition de la douleur chronique. Il commence
la leçon en rassurant d'abord le lombalgique: non, sa maladie n'est pas imaginaire. Avec
ou sans support organique, la douleur chronique est bel et bien réelle. Notre modèle en
témoigne (figure 2.9 à la page 53). De plus, nos émotions, nos attentes, nos perceptions
et les réactions de notre entourage la rendent élastique (chapitre 2). Puis le praticien
enchaîne: dans les relations humaines, même le changement le plus ardemment souhaité
entraîne toujours des modifications dans toutes les autres sphères de vie (394). Un
certain nombre de ces modifications constituent des conséquences indésirables. Elles
découlent, soit de la perte d'attraits propres à la situation antérieure, soit de
l'apparition d'inconvénients propres à la nouvelle situation (396). À la question
hypothétique "si, tout à coup, vous n'aviez plus mal au dos", les lombalgiques qui
participent à nos Écoles interactionnelles identifient plusieurs conséquences
indésirables à leur guérison. Trois d'entre elles reviennent systématiquement: "Perdre
le signal d'alarme que constitue la douleur et risquer de se blesser gravement"; "Sans
maux de dos, on travaillerait jusqu'à la limite de l'épuisement"; "Être jugé négativement
lors du retour au travail puisque toute amélioration visible risque de confirmer, en
quelque sorte, les préjugés du "paresseux" et du "malade imaginaire" de l'entourage.
"Autrement dit, les conséquences indésirables résultent des changements provoqués par la
guérison dans les relations du client avec son environnement physique et humain. Ces
conséquences indésirables n'occasionnent pas la lombalgie. Mais elles constituent un
obstacle potentiel à sa guérison. Pour circonscrire et éventuellement éliminer cet
obstacle, les participants discutent en groupe des conséquences indésirables de leur
propre guérison.
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